Le doute si l’on a mentionné
« Retsé Vahah’alitsenou »
dans le Birkat Hamazon
Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)
Pour l'élévation de la Neshama de mon ami Refael Eliyahou Ben Esther (ALLOUCH)
Question
Si l’on a terminer le Birkat Hamazon lors du 1er ou du 2ème repas de Shabbat, et qu’on a le doute si l’on a mentionné « Retsé Vahah’alitsenou » dans le Birkat Hamazon ou pas, doit-on le réciter de nouveau par doute ?
Décision de la Hala’ha
La personne qui a terminé le Birkat Hamazon le jour de Shabbat (lors du 1er et du 2ème repas), et qu’elle a maintenant le doute si elle a mentionné « Retsé Vahah’alitsenou » dans le Birkat Hamazon ou pas, ne doit pas recommencer le Birkat Hamazon puisque l’obligation de mentionné « Retsé Vahah’alitsenou » n’est que Miderabbanan (instaurée par les ‘Ha’hamim). Et il n’y a pas à craindre que la personne a probablement poursuivit selon son habitude de tous les jours sans avoir mentionné « Retsé Vahah’alitsenou », puisque nous pouvons contrer cette probabilité grâce à l’argument selon lequel, la solennité du Shabbat l’a très probablement fait penser à mentionner « Retsé Vahah’alitsenou » dans le Birkat Hamazon.
Si toutefois après avoir conclut la Bera’ha de « Boné Yeroushalaïm », on a le doute si l’on a mentionné « Retsé Vahah’alitsenou » ou pas, si l’on n’a pas encore entamer la Bera’ha de Hatov Vehametiv qui se trouve après la Bera’ha de « Boné Yeroushalaïm », on peut résoudre ce problème en disant sur place « Barouh’ Ata A. D. O. N. A. Y Elo-hénou Méleh’ Haolam Shénatan Shabbatot Limnouh’a Léamo Israël Béahava Léot Oulbérit Barouh’ Ata A. D. O. N. A. Y Mékadesh Hashabbat » comme nous l’avons expliqué dans la précédente Hala’ha.
Sources et développement
Nous avons un principe fondamental selon lequel, la Mitsva de réciter le Birkat Hamazon étant ordonnée par la Torah, comme il est dit : « Tu mangeras, tu te rassasieras et tu béniras Hashem… », par conséquent, lorsqu’on a le doute si l’on a réciter le Birkat Hamazon ou pas, nous sommes tenus de le réciter de nouveau par doute, conformément au principe : « Dans un doute sur une ordonnance de la Torah, nous allons à la rigueur » (Sefeka Deoraïta La’houmra), comme nous l’avons déjà expliqué dans la Hala’ha traitant de la mention de « Retsé Vahah’alitsenou » dans le Birkat Hamazon.
Selon cela, il semble apparemment que le Din est le même concernant la personne qui a le doute si elle a mentionné « Retsé Vahah’alitsenou » le jour de Shabbat, puisque dans le cas où elle a oublié de le mentionné, elle doit recommencer le Birkat Hamazon selon le Din, il doit en être de même lors d’un doute, et l’on devrai également normalement recommencer le Birkat Hamazon.
Mais en réalité, même si le Birkat Hamazon est une ordonnance de la Torah, malgré tout, le fait de mentionné le passage de « Retsé Vahah’alitsenou » dans le Birkat Hamazon, n’est pas ordonné par la Torah. C’est ce qu’écrivent un grand nombre de nos maîtres les Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale) et parmi eux le ROSH[D1] (sur Guemara Bera’hot chap.7), ainsi que le RASHBATS[D2] (Rabbi Shim’on Bar Tsema’h) dans ses décisions Hala’hics sur la Guemara Berah’ot (49a), ou encore le Or Zaroua’[D3] (Hagadol) (chap.200), et d’autres.
C’est pourquoi, il semble plutôt que lorsqu’on a le doute si l’on a mentionné « Retsé Vahah’alitsenou » ou pas, le Din est qu’il ne faut pas réciter de nouveau le Birkat Hamazon, selon la règle : « Dans un doute sur une ordonnance des H’ah’amim, il faut aller à la souplesse » (Sefeka Derabbanan Lakoula) car selon la Torah, on est quitte de l’obligation de Birkat Hamazon même si l’on n’a pas mentionné « Retsé Vahah’alitsenou ».
Cependant, il est écrit dans le livre Shou’t Bessamim Rosh (chap.287) (que l’on attribue essentiellement à notre maître le ROSH), qu’étant donné la forte probabilité qu’une personne poursuit sa Bera’ha selon ce qu’elle l’habitude de dire le plus fréquemment durant tous les jours de la semaine, par conséquent, il y a plutôt lieu d’estimer que cette personne n’a pas mentionné « Retsé Vahah’alitsenou » dans le Birkat Hamazon, et c’est pourquoi, elle doit recommencer le Birkat Hamazon comme dans le cas où elle se rend compte de façon certaine qu’elle n’a pas mentionné « Retsé Vahah’alitsenou » dans le Birkat Hamazon.
Comme c’est le cas pendant la période où nous nous trouvons actuellement (en Israël), pour la personne qui a le doute - après avoir terminé sa prière – si elle a dit Bareh’ ‘Alenou (la demande des pluies) ou pas, car nous estimons beaucoup plus que cette personne a oublié que nous nous trouvons dans la période hivernale, et qu’elle a poursuivit sa prière comme à son habitude en période estival, sans mentionné Bareh’ ‘Alenou. C’est pourquoi cette personne est tenue de recommencer sa prière, et il en serai de même pour la mention de « Retsé Vahah’alitsenou » dans le Birkat Hamazon.
D’ailleurs, au sujet de Rosh ‘Hodesh, MARAN[D4] tranche dans le Beit Yossef (O.H chap.422) que si l’on a prié la ‘Amida et que l’on a le doute si l’on a dit Ya’alé Veyavo ou pas, on est tenu de recommencer, et il cite comme preuve un enseignement tiré du Yeroushalmi Ta’anit (chap. 1 Hala’ha 1) selon lequel pendant 30 jours, on est sous l’influence de ce que l’on a été habitué à dire dans la prière. Or, puisque l’on n’est pas spécialement habitué à dire le passage de Ya’alé Veyavo, lors d’un doute, on peut estimer que l’on a omit de le dire.
Le RAMA[D5] réfute l’opinion de MARAN et tranche dans son livre Darké Moshé, ainsi que dans ses notes sur le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.422 parag.1) que si l’on a prié la ‘Amida un jour de Rosh ‘Hodesh, et que l’on a le doute si l’on a mentionné Ya’alé Veyavo ou pas, on ne recommence pas.
En effet, selon le RAMA, le principe selon lequel pendant 30 jours, on est sous l’influence de ce que l’on a été habitué à dire dans la prière, concerne uniquement Mashiv HaRoua’h OuMorid HaGueshem ainsi que Bare’h ‘Alenou pour lesquels on est resté longtemps sans les dire (de Pessa’h jusqu’à après Soukkot), mais pour ce qui est de Ya’alé Veyavo, on ne reste jamais plus de 30 jours sans le mentionné puisque nous célébrons Rosh ‘Hodesh tous les mois !
A ce stade des choses, nous pouvons définir la Ma’hloket entre MARAN et le RAMA :
- Pour MARAN, la preuve du Yeroushalmi Ta’anit selon laquelle on reste durant 30 jours sous l’influence de ce que l’on a été habitué à dire, concerne toutes sortes de modifications et rajouts de la prière.
- Pour le RAMA, ce principe concerne uniquement les changements qui ont été en vigueur pendant un long laps de temps, ce qui n’est pas le cas de Ya’alé Veyavo puisque nous ne restons pas plus de 30 jours sans le dire.
Cependant, de nombreux A’haronim – comme le Ba’h[D6] (Baït ‘Hadash) ; le TaZ[D7] (Touré Zahav) ou le Maguen Avraham[D8] réfutent l’opinion du RAMA sur ce point, et se rangent à l’opinion de MARAN selon qui, la personne qui a prié la ‘Amida le jour de Rosh ‘Hodesh, et qui a le doute si elle a mentionné Ya’alé Veyavo ou pas, doit recommencer la ‘Amida, puisqu’il est à estimer qu’elle a suivi son habitude de tous les jours.
Le Gaon auteur du Mishna Beroura[D9] (sur O.H chap.188 note 15 ainsi que dans le Sha’ar Hatsioun) déduit de là que si l’on a terminer le Birkat Hamazon le jour de Shabbat (1er et 2ème repas) et que l’on a le doute si l’on a dit Retsé ou pas, il faut recommencer le Birkat Hamazon car il y a lieu – là aussi – d’estimer que l’on a suivit l’habitude de tous les jours.
Mais l’auteur du Le’hem ‘Hamoudot[D10] (sur Guemara Bera’hot Chap. « Tefilat Hasha’har ») laisse apparaître une différence entre un doute concernant la prière et un doute concernant le Birkat Hamazon, car concernant la prière, il n’est pas réellement problématique d’avoir à recommencer, puisque nous avons le principe selon lequel, l’homme pourrait – s’il le veut – prier toute la journée, ce qui n’est pas le cas pour le Birkat Hamazon.
De plus, le MaHaRSHal[D11] dans son commentaire ‘Ho’hmat Shelomo (sur O.H chap.188 note 6) fait remarquer que le fait d’être habillé des vêtements de Shabbat et d’avoir consommé le repas de Shabbat, lui a certainement fait rappelé de mentionner Retsé.
Le Gaon auteur du Taharat Hamaïm[D12] tranche également que chaque fois que l’on a le doute si l’on a dit Retsé dans le Birkat Hamazon le jour de Shabbat ou pas, on ne recommence pas puisque l’obligation de mentionner l’événement du jour, n’est qu’une obligation Miderabbanan (instaurée par les ‘Ha’hamim).
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita – après avoir longuement traité le sujet dans son livre Shou’t Yabiya’ Omer (tome 7 page 68) – écrit que même si en général nous penchons plutôt vers la forte probabilité que la personne poursuit selon son habitude dans la prière comme dans les autres choses, malgré tout, concernant le Birkat Hamazon le jour de Shabbat, un argument s’oppose à cette probabilité, puisque la solennité du Shabbat entoure la personne le jour du Shabbat, car toute l’atmosphère change le jour du Shabbat, et l’on est vigilant au moindre interdit de Shabbat à chaque instant, par conséquent, il y a matière à estimer qu’au contraire, la personne s’est rappelée que nous sommes Shabbat, et n’a pas oublié de mentionner « Retsé Vahah’alitsenou ».
Et même si la chose n’en reste pas moins un doute, malgré tout, nous avons déjà expliqué que le Din de la mention de « Retsé Vahah’alitsenou » n’est qu’une ordonnance Miderabbanan (ordonnée par nos H’ah’amim) et non Min Ha-Torah (ordonnée par la Torah), et de ce fait, le Din reprend sa place de doute sur une ordonnance de nos H’ah’amim sur lequel il faut aller à la souplesse.
Par conséquent, dans une telle situation de doute si l’on a mentionné « Retsé Vahah’alitsenou » ou pas, il ne faut pas recommencer le Birkat Hamazon.
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769 sheelot@free.fr
(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)
Pour recevoir la Halaha Yomit chaque jour, ainsi qu’un Dvar Torah le vendredi, par
[D1]Rosh Rabbenou Asher Allemagne-Espagne 13ème siècle
[D2]Rabbi Shim’on Bar Tsema’h (DORAN). Espagne Algérie 14ème et 15ème siècle. L’un des plus grands commentateurs et décisionnaires Sefarades. Descendant du RAMBAN. Auteur de nombreux ouvrages. Successeur du RIBASH.
[D3]Rabbenou Its’hak MiVienna, (Allemagne 13ème siècle Av Beit Din de Vienne (Autriche), élève du Ravyha, et auteur du livre Or Zaroua)
[D4]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h
[D5]RaMA Rabbi Moshé ISSERLEISS Pologne 16ème siècle, opinion Hala’hic principale pour les Ashkenazim
[D6]Ba’h (Baït ‘Hadash) Rabbi Yoël SIRKISS Pologne 16ème siècle
[D7]TaZ ou Touré Zahav Rabbi David SEGUEL HaLevi Pologne 17ème siècle
[D8]Maguen Avraham Rabbi Avraham Gombiner Pologne 17ème siècle
[D9]Mishna Beroura Rabbi Israël Meïr HaCohen de Radin, le « ‘Hafets ’Haïm », Russie 20ème siècle, également auteur de ‘HAFETS ‘HAÏM, et de SHMIRAT HALASHON entre autres.
[D10]Le’hem ‘Hamoudot (Rabbi Yom Tov LIPMANN HELLER – Allemagne, Pologne 17ème siècle
[D11]RaSHaL ou MaHaRSHaL, Rabbenou SHlomo Louria Pologne 16ème siècle
[D12]Taharat HaMaïm Rabbi Avraham Ha-Cohen de Salonique 19ème siècle
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