La Bera’ha à la vue d’un cimetière juif
Cette Hala’ha est dédiée à la Refoua Shelema – la guérison complète de ma chère maman Simi Bat Leah, ainsi que pour la Refoua Shelema du Gaon et Tsaddik Rabbi Morde’haï Tsema’h Ben Mazal Tov (le Rav Morde’haï Eliyahou shalita)
Pour l'élévation de la Neshama de mon ami Refael Eliyahou Ben Esther (ALLOUCH)
Question
Est-il vrai que l’on doit réciter une Bera’ha lors d’une visite dans un cimetière (juif) ?
Décision de la Hala’ha
Lorsqu’on voit des tombes juives, il faut réciter la Bera’ha suivante :
« Barou’h Ata A-D-O-N-A-Ï Elohenou Mele’h Ha’olam Asher Yatsar Et’hem Bedin, Vezan Et’hem Bedin, Vi’hilkel Et’hem Bedin, Veassaf Et’hem Bedin , Veyodea’ Mispar Koule’hem, Vehou ‘Atid Leha’hayote’hem Oulkayem Et’hem, Barou’h Ata A-D-O-N-A-Ï Me’hayé Hametim ».
Traduction :
Tu es Bénis Hashem (Tu es la source de la Bénédiction) Notre D. Roi du Monde qui vous a créé à juste titre, qui vous a nourrit à juste titre, qui est subvenu à vos besoins à juste titre, qui vous a réuni à juste titre, qui connaît votre nombre, qui vous fera revivre et qui vous fera exister. Tu es Bénis Hashem (Tu es la source de la Bénédiction) qui fait revivre les morts.
On ne récite cette Bera’ha qu’une seule fois par 30 jours, sauf si l’on voit entre temps d’autres tombes (juives) (par exemple, lorsqu’on va en pèlerinage sur différentes tombes de Tsaddikim, ou bien lorsqu’on visite différends cimetières dans la même journée), où l’on doit – dans ce cas – réciter de nouveau la Bera’ha sur cette vision.
On ne récite cette Bera’ha que lorsqu’on se trouve véritablement à proximité des tombes, mais lorsqu’on les voit de loin, en passant par la route, on ne doit réciter aucune Bera’ha.
Ceci par opposition à ce qui avait écrit dans le livre Yalkout Yossef (tome 3 Bera’hot édition 5751 page 605 parag.14).
Qu’Hashem nous donne le mérite de voir la Résurrection des Morts, très rapidement et de nos jours, AMEN.
Sources et développement
Il est enseigné dans la Guemara Bera’hot (58b) :
Nos maîtres enseignent : lorsqu’on voit des tombes juives, on doit réciter la Bera’ha suivante :
« Barou’h Ata A-D-O-N-A-Ï Elohenou Mele’h Ha’olam Asher Yatsar Et’hem Bedin, Vezan Et’hem Bedin, Vi’hilkel Et’hem Bedin, Veassaf Et’hem Bedin , Veyodea’ Mispar Koule’hem, Vehou ‘Atid Leha’hayote’hem Oulkayem Et’hem, Barou’h Ata A-D-O-N-A-Ï Me’hayé Hametim ».
Traduction :
Tu es Bénis Hashem (Tu es la source de la Bénédiction) Notre D. Roi du Monde qui vous a créé à juste titre, qui vous a nourrit à juste titre, qui est subvenu à vos besoins à juste titre, qui vous a réuni à juste titre, qui connaît votre nombre, qui vous fera revivre et qui vous fera exister. Tu es Bénis Hashem (Tu es la source de la Bénédiction) qui fait revivre les morts.
Cette Hala’ha est tranchée dans le TOUR[D1] et le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.224 parag.12)
L’auteur du Sefer Hami’htam[D2] explique que cette Bera’ha représente un grand moyen pour éveiller l’individu et lui faire prendre conscience de la vie et de la mort, ainsi que de la satisfaction de la Résurrection des Morts.
La Guemara Bera’hot (59b) précise que cette Bera’ha – comme toute Bera’ha à la vision de certains événements - ne peut être récitée qu’une fois par 30 jours.
MARAN[D3] tranche cette Hala’ha dans le Shoul’han ‘Arou’h (O.H chap.224 parag.13).
Quelques cas pratiques
- Si une personne voit des tombes juives et récite la Bera’ha, mais qu’elle se déplace ensuite dans un autre cimetière juif avant que ne s’écoulent 30 jours depuis le jour où elle a récité la Bera’ha. Doit-elle de nouveau la réciter, ou bien doit-elle attendre 30 jours ?
L’auteur du Maamar Morde’haï[D4] (sur O.H 224 note 4) rapporte au nom de certains A’haronim que si l’on voit d’autres tombes juives, on doit de nouveau réciter la Bera’ha, même si l’on se trouve encore dans l’intervalle des 30 jours depuis la dernière vision.
Cette opinion est celle du livre Shou’t HaLeket[D5] (tome 1 chap.212).
Cependant, cet avis n’est pas partagé par tout le monde.
En effet, l’auteur du Shou’t Yad Eliyahou[D6] (de Louvlin) (chap.31) conteste ces propos, à partir de l’explication du Maguen Avraham[D7] (sur O.H 224 note 4) sur les paroles du RAMA[D8] à propos de la Bera’ha que nous devrions réciter à chaque fois que nous voyons une ‘Avoda Zara (idolâtrie) (voir Shoul’han ‘Arou’h O.H chap.224 parag.1).
Le RAMA écrit que de nos jours, nous ne récitons plus cette Bera’ha, car nous vivons au milieu des non juifs, et nous voyons chaque jours de idoles. Le Maguen Avraham en déduit que si l’on voyage dans une autre ville, et que l’on y voit une autre idole, malgré tout, il ne faudrait pas réciter la Bera’ha.
L’auteur du Yad Eliyahou compare cela au fait de voir des tombes juives plus d’une fois en 30 jours, et en conclut qu’il ne faut pas réciter la Bera’ha.
C’est ainsi que tranchent le ‘Ikaré Hadat[D9] (chap.10 note 36) et le Maté Yehouda[D10] (sur O.H 224 note 2).
Mais le Gaon Rabbi Yoshiyahou PINTO[D11] écrit dans son livre Shou’t Niv’har Mikessef (chap.2) :
« Lorsqu’on voit d’autres tombes juives avant que ne s’écoule le délais de 30 jours depuis la dernière vision, il faut de nouveau réciter la Bera’ha, car nous devons bénir et glorifier Hashem, et exprimer notre croyance en la Résurrection des Morts pour tous les morts juifs qui sont enterrés dans tout endroit. Il faut appliquer ici le principe « Si une Hala’ha te semble douteuse, sort et observe comment les gens se comportent à l’extérieur ». Or, nous pouvons constater que tout le monde a l’usage de réciter de nouveau la Bera’ha à la vue de nouvelles tombes, même dans l’intervalle de 30 jours depuis la dernière vision, et les Maîtres des Générations précédentes - qui étaient plus forts que des lions - n’ont jamais remis cet usage en doute. On peut même appuyer cet avis par le Din concernant une personne qui voit un noir et qui doit réciter la Bera’ha de « Meshané Beriyot », et si l’on voit ensuite – dans l’intervalle des 30 jours depuis la dernière vision - un autre noir, il faut de nouveau réciter la Bera’ha, car chaque corps est différend de l’autre, et l’un n’exempte pas l’autre. Il en est de même dans notre cas. Si l’on a vu des tombes juives et que l’on a récité la Bera’ha, on la récitera de nouveau si l’on voit d’autres tombes, même dans l’intervalle des 30 jours depuis la dernière vision. »
Le Rav éditeur et correcteur de l’ouvrage Shou’t Niv’har Mikessef confirme l’opinion de l’auteur concernant la vision d’un noir, en faisant référence à une Teshouva (réponse Halah’ic) du RADBAZ[D12] (tome 1 chap.296) au nom du RA AVAD[D13].
Tel est également l’avis de notre maître le ‘HYDA[D14] dans son livre Birké Yossef (sur O.H 224 note 6) où il rapporte au nom de son aïeul le Gaon Rabbi Avraham AZOULAÏ qu’il faut réciter de nouveau la Bera’ha lorsqu’on voit d’autres tombes, même dans l’intervalle de 30 jours depuis la dernière vision.
C’est également ce qui ressort des propos de nombreux décisionnaires antérieurs comme l’auteur des Meorot[D15] (sur Bera’hot page 171) ; le Sefer Habatim[D16] (page 168) au nom du RAVAD ; l’auteur du Teroumat Hadeshen[D17] comme le rapporte son élève dans le livre Leket Yosher (fin de la section Yoré De’a page 99) ; l’auteur du Ohel Mo’ed[D18] (page 99 colonne 2).
Tous ces décisionnaires pensent qu’il faut de nouveau réciter la Bera’ha à la vue de nouvelles tombes juives, même dans l’intervalle de 30 jours depuis la dernière vision.
D’autres A’haronim - comme l’auteur du Guedolot Elisha’[D19] (Hal.Bera’hot chap.224 note 21) ; l’auteur du ‘Arou’h Hashoul’han[D20] (chap.224 parag.8) ; le Gaon Rabbi Shelomo Zalman OYERBACH[D21] dans son livre Hali’hot Shelomo (page 290 Dvar Hala’ha note 52) ; l’auteur du Shout Tsits Eli’ezer[D22] (tome 7 chap.49 note 7) – tranchent également qu’il faut de nouveau réciter la Bera’ha à la vue de nouvelles tombes juives, même dans l’intervalle de 30 jours depuis la dernière vision.
- Dans la formule de la Bera’ha, nous disons « qui connaît votre nombre ». Quel intérêt y a-t-il dans le fait qu’Hashem connaît le nombre précis des morts ?
Le Gaon auteur du livre ‘Amoudé Or[D23] (chap.4) explique la chose à travers ce qui est enseigné ans la Guemara Sanhedrin (44a) au sujet de Yaïr Ben Menashé qui avait – à lui tout seul – la valeur de 36 hommes. Ou bien aussi à travers ce qui est enseigné dans la Guemara Bera’hot (62b) au sujet de Avishaï Ben Tserouya qui valait – à lui tout seul – la majorité des membres du Sanhedrin. De même pour de nombreux autres Tsaddikim. Cette évaluation ne peut être réalisée que par Hashem lui-même qui connaît de façon exacte la valeur de chacun. C’est pourquoi nous disons en nous adressant aux morts « Il connaît votre nombre » c'est-à-dire, il sait à combien de personnes chacun est estimé.
- Peut on réciter cette Bera’ha en voyant les tombes de loin, ou derrière une fenêtre ?
Selon l’opinion du Gaon auteur du ‘Arou’h Hashoul’han (224 parag.8), il est permis de réciter cette Bera’ha même de loin, par exemple lorsqu’on roule en voiture et que l’on aperçoit les tombes juives en roulant (comme lorsqu’on passe à proximité du cimetière de Har Hamenou’hot - Guiv’at Shaoul, qui se situe à l’entrée de Jérusalem), on peut réciter cette Bera’ha dans ces conditions.
Mais l’auteur du Shou’t Beer Moshé[D24] (tome 2 chap.3) réfute cette opinion et tranche que l’on ne peut pas réciter cette Bera’ha lorsqu’on voit les tombes de loin, et cela, tant qu’on n’est pas réellement proche des tombes. Il fait référence à la Tossefta (Bera’hot chap.6 Hal.9) où il est écrit :
Lorsqu’on va dans un cimetière, on récite la Berah’a « …Asher Yatsar Eth’em… »
Ce qui sous-entend exclusivement lorsqu’on se rapproche véritablement des tombes au maximum, à ce moment là on récite la Bera’ha, mais sur une vision à distance, on ne peut pas réciter la Bera’ha sur les tombes juives.
Il cite aussi les propos du Kol Bo [D25](chap.87) qui écrit : « Lorsqu’on passe entre les tombes juives, on récite la Bera’ha… »
Nous retrouvons cette notion de proximité également dans les propos du Sefer HaMi’htam qui écrit : « Cette Bera’ha représente un grand moyen pour éveiller l’individu et lui faire prendre conscience de la vie et de la mort, ainsi que de la satisfaction de la Résurrection des Morts… »
Il est certain que cela ne peut être valable que lorsqu’on est véritablement proche des tombes. Ceci sous-entend une certaine proximité avec les tombes pour réciter la Bera’ha.
Il semble que telle est également l’opinion du Gaon Rabbi Moshé FEINSTEIN[D26] z.ts.l dans son livre Shou’t Iguerot Moshé (tome 5 section O.H chap.37 note 10).
C’est aussi l’opinion de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF shalita dans son livre ‘Hazon Ovadia – Tou Bishvat-Bera’hot (page )
Ceci par opposition à ce qui avait écrit dans le livre Yalkout Yossef (tome 3 Bera’hot édition 5751 page 605 parag.14).
Qu’Hashem nous donne le mérite de voir la Résurrection des Morts, très rapidement et de nos jours, AMEN.
Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769 sheelot@free.fr
(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)
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[D3]Maran ou « Notre maître » en araméen. Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne – Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h
[D5]Shou’t HaLeket
Rabbi Israël Yaakov ‘HAGUIZ Israël 17ème siècle, gendre de Rabbi Moshé GALLANTI (le « Maguen »), et beau père du Peri ‘Hadash (Rabbi ‘Hizkiyahou Da SILVA)
[D8]RaMA
Rabbi Moshé ISSERLEISS Pologne 16ème siècle, opinion Hala’hic principale pour les Ashkenazim
[D10]Maté Yéhouda Rabbi Yehouda Ayash Algérie 18ème siècle
[D12]RaDBaZ
Rabbi David Ben Zimra Egypte – Israël 16ème siècle Maître du ARI zal HaKadosh, et contemporain de MARAN
[D13]RAVaD Rabbenou Avraham Ben David France 12ème siècle
[D14]Birké Yossef notre maître le ’HYDA Rabbi ‘Haïm Yossef David Azoulaï, 18ème siècle
[D15]RaZHa (Rabbenou Zera’hya HaLevi Espagne 12ème siècle, auteur du MAOR)
[D16]Sefer Habatim Rabbi ‘Haïm Ben ‘Habib Afrique du nord 15ème siècle
[D17]Teroumat Hadeshen Rabbi Israël ISSERLEIN Autriche 15ème siècle
[D18]OHEL MOED référence rapportée fréquemment par MARAN dans le Beit Yossef, et dont l’auteur est probablement de l’époque du Meïri (13ème siècle)
[D19]Guedolot Elisha’ Rabbi Elisha’ DANGOUR Irak 19ème et 20ème siècle
[D22]Tsits Eli’ezer Rabbi Eli’ezer Yehouda WALLDINBERG z.ts.l Un des plus grands décisionnaires de notre temps. Décédé en 2006 à Jérusalem. Auteur du livre Shou’t Tsits Eli’ezer.
[D24]Beer Moshé Rabbi Moshé DANOSHEVSKY Europe de l’est 19ème et 20ème siècle.
[D25]Kol Bo Auteur inconnu, probablement élève du Or’hot ‘Haïm – 13ème siècle
[D26]Rabbi Moshé FEINSTEIN Russie – (Lituanie) – Etats-Unis 20ème siècle, l’un des plus importants décisionnaires de notre temps. Auteur du Shout Iguerot Moshé, et d’autres ouvrages
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