Contexte
Hahsem dit à Moshé Rabbenou d’envoyer 12 hommes, un homme par tribu, explorer le pays de Kenaan (pays d’israël). Les explorateurs parcours le pays, et à leur retour, dressent un rapport détaillé de ce qu’ils ont vu, mais laissent entendrent à Moshé Rabbenou, ainsi qu’à tout le peuple que ce pays n’est pas une terre favorable pour Israël. Parmi les 12 explorateurs, seul 2 d’entre eux, Kalev Ben Yefouné de la tribu de Yehouda, et Yehoshoua Bin Noun de la tribu d’Efraïm (élève particulier de Moshé Rabbenou, et qui sera plus tard son successeur à la tête du peuple) s’expriment favorablement et encouragent le peuple à continuer leur route vers ce pays. Le peuple influencé par la description des explorateurs, se met à pleurer cette nuit là (nuit du 9 AV, date anniversaire de la plupart des malheurs d’Israël), et Hashem décrète que toute cette génération ne verra pas le pays d’Israël, et pour cela, Il les maintient dans le désert pendant 40 ans supplémentaires, afin que périsse toute cette génération.
« Envoie pour toi (lekha) des hommes.. » (13, 2)
Pourquoi le chapitre relatif aux explorateurs fait-il directement suite à celui relatant la lèpre dont fut frappée Miryam ? demande Rachi. Réponse : « Parce qu’elle a été punie pour avoir médit de son frère, et ces dépravés, qui avaient pourtant vu [la Tsara‘ath, la lèpre, infligée à Miryam en conséquence de ses propos], n’en ont pas tiré la leçon ! »
Question
Est-ce véritablement là leur plus grand péché : n’avoir pas su tirer la leçon qui s’imposait ? s’ étonne le Rav Yerou‘ham Leivovitz.
Réponse
Il ne fait pas de doute, que la faute des explorateurs a consisté essentiellement dans leurs propos calomnieux sur le pays d’Israël. Mais cette faute a été considérablement aggravée par le fait qu’ils n’ont pas su dégager la leçon de ce qui était arrivé à Miryam suite à ses paroles sur Moché Rabbenou. Ces hommes auraient dû marquer une pause, prendre le temps de réfléchir sur ce qui venait de se passer. Ils auraient dû déduire les justes conclusions de ce à quoi ils venaient d’assister pour ne pas revenir sur la même erreur. Mais… « ces dépravés n’en ont pas tiré la leçon » !
Ce point a été amplement développé par les Sages du Moussar (étique juive):
De tout ce qu’il voit ou entend, l’homme doit retirer les conclusions qui s’imposent, ou la moralité qui s’en dégage. De cette manière, il sera à même de mettre son étude en pratique et se gardera de faillir. Comme l’affirme Shlomo Hamele’h (Michlei 1, 5) : « Le sage entend et [ainsi,] augmente en sagesse »…
Pourquoi Rachi insiste-t-il précisément sur le fait que les explorateurs « avaient vu l’événement » – la Tsara‘ath, la lèpre, infligée à Miryam – « et n’en ont pas tiré la leçon » ? se demande encore l’auteur du Peninim Yeqarim.
Et d’expliquer : Certains auraient pu penser que cette lèpre dont Miryam avait été atteinte n’était pas une punition suite à ses propos sur Moché Rabbenou, mais qu’elle relevait de ces Yissourim Shèl Ahava, à savoir de ces souffrances que Hachem impose aux Tsaddikim (les Justes) par amour, pour leur permettre d’acquérir plus de mérites, et leur assurer une immense récompense dans le Monde à venir (voir Gmara Berakhoth 5a).
Un tel raisonnement eût été toutefois erroné, car selon l’enseignement de nos Sages, les plaies et affections lépreuses dont les enfants d’Israël étaient « visiblement » atteints n’entrent pas dans la catégorie de ces Yissourim Shèl Ahava. Or, la Torah atteste que Miryam était devenue « lépreuse comme la neige ». C’est donc bien la preuve que cette « maladie » ne lui avait pas été infligée comme une souffrance imposée par amour, mais qu’elle avait dû la subir en punition de ses propos sur Moché Rabbenou. Voilà pourquoi Rachi souligne : « ils avaient vu et pourtant, ils n’en ont pas tiré la leçon ».
Ne pas savoir tirer de leçon des évènements qui nous frappent, où de ceux auxquels on assiste, est plus grave encore que les fautes que nous commettons !!
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